Soazig l’a croisée au pied d’une tour, elle rentrait avec ses courses en courant ! Une vie à organiser à la minute. A 41 ans, elle travaille à temps plein.
Surtout cette semaine. Moi, cela fait 18 ans que je suis là, avec mes trois enfants et avec mon concubin de l’époque. Soit 1985. On habitait alors un 2 pièces, j’étais enceinte de mon premier. Il fallait donc trouver un logement rapidement. On avait demandé «pas à Ponta» car qu’on avait déjà des retours négatifs sur le quartier via la presse, et de la famille ayant habité ce quartier. Avant, nous étions en maisons individuelles à Gouesnou. Ça change !
On nous a proposé à Ponta, c’était le plus rapide et c’était le début des APL. on a visité à un deuxième étage. Plusieurs fois, on se dit qu’il fallait partir de ce quartier. On n’a jamais eu de gros problèmes mais ce climat d’insécurité nous empêche une liberté de circulation, surtout le soir.
Les gens me disent souvent : «Oh, tu habites à Ponta ! T’as pas peur ?» Et moi, je réponds, j’aime bien mon quartier. On est bien desservis par le bus, les commerces et grandes surfaces sont tout proches. Même sans voiture, on peut se débrouiller ici. C’est vrai que ce n’est pas toujours agréable, il y a du bruit et le manque de respect par rapport aux gens au matériel (les entrées, les poubelles). Ça m’énerve des fois ! Souvent !
Par exemple, pourquoi avoir fait ces bancs ronds dans les halls d’immeuble. On dirait que ça a été créé pour être squatté. Je vois des jeunes même manger des pizzas boire des boissons.
Par exemple, même en journée, mes enfants avaient peur d’aller aux jeux pour les 6-8 ans, car ils sentaient mal cette agressivité gratuite des autres enfants.
Mes enfants étaient à l’école à Lambézellec à partir du CE1. Je les ai toujours accompagnés aux jeux, ou je rencontrais les autres maman, et pour papoter, c’était sympa. Mes filles étaient inscrites à des cours deux fois par semaine de twirling (majorette mais plus intense et sportif) ces cours se passaient à l’extérieur. Du coup c’est vrai qu’elles étaient moins présentes sur le quartier. Sinon dès qu’on pouvait, on allait chez ma mère, dans le jardin.
D’autres portraits du carnet de Soazig Dréano sur cette page.