« J’habite ici depuis 18 ans, depuis 86, et je quitterai jamais ce quartier je suis bien ici ! Y’a des hauts et des bas ! Mais il n’y a pas qu’ici que ça brûle, à Bellevue, à Kerédern, et en ville aussi ça craint ! Dans les maisons isolées, les gens ont peur aussi maintenant.
Moi, je travaille sinon de chez les personnes âgées en ville. J’aime mon travail, les gens m’aiment bien. Je suis bien partout. J’ai pas de problème, tout va bien. Je sors peu car je travaille, sinon je vois mes enfants à la plage de Trégana. J’ai des horaires : de huit heures à 18 heures. Ça fait de bonnes journées ! J’ai une copine qui habite au 8 de mon immeuble, qui passe de temps en temps prendre un café, et vice versa !
Moi, je veux bien que si ça doit changer, qu’il y ait plus de magasins, un traiteur, un boucher, une boulangerie.
Moi, j’aime pas aller à cette boulangerie qui existe, car en été, les jeunes maghrébins provoquent les gens, il crachent. Moi je préfère acheter mon parent ailleurs. Ça craint des fois ! Vous êtes au courant pour le poste de police ? Ils sont rentrés dedans avec une voiture bélier !
Du coup, il n’y a plus de poste de police. C’est pas la peine de rester là. Ils avaient sans doute peur. Quand la bibliothèque ou la mairie ont brûlé, ils étaient pas là. Il n’y avait personne ! Ils étaient où ? La mairie a brûlé entre cinq et six heures du matin : ils ont les pétoche ! Et pourtant, ils ne sont pas nombreux, sans doute qu’une poignée. Il y a eu des choses graves ici qui n’aurait jamais dû se passer.
Brest est une belle ville quand même !
Le tram, je suis pas sûre que ce soit une bonne idée, car le quartier est bien desservie en bus. Je vois pas du tout l’intérêt, ce serait un gaspillage. »
D’autres portraits du carnet de Soazig Dréano sur cette page.