Portrait – Sylvie

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Je suis arrivée, en 72 à Ponta, dans le premier bâtiment, numéro 10 de la rue Gavarni. J’avais six ans et demi. Mon premier souvenir : ces bâtiments me paraissaient immenses, tellement immenses que je me perdais très vite dans l’appartement. C’était un T5, beaucoup plus grande que la baraque dans laquelle on était avant. On est neuf en tout avec les parents. Tout était en construction autour, il n’y avait que c’est autour. J’ai eu de la chance de voir l’évolution du quartier, d’abord le club, le centre d’animation pour jeunes…

Ah, j’oubliais : à neuf ans, j’allais à la bibliothèque qui venait de s’ouvrir. Qu’est-ce qu’on était content d’y avoir accès ! Car au départ, on n’avait rien. On dégringolais avec les cartons sur les buttes du chantier ! On s’amusait, on était heureux, avec rien !

Puis le CAP CSF est arrivé, mais j’étais trop âgée pour y accéder !

Mais c’était un réel plaisir de voir défiler les enfants pendant les carnavals et fêtes de quartier

Les souvenirs marquants que j’ai, c’est le partage des repas, des cultures autres… La diversité et la solidarité : chacun distribuait sa spécialité, surtout quand il y avait des fêtes, comme Noël.

Je trouve qu’il y avait une grande curiosité vers les autres cultures, une grande ouverture.

Un souvenir autre : c’est quand les Vietnamiens ont débarqué, en 77-78. Qu’est-ce que je les trouvais beaux, surtout les filles ! Je les trouvais polis, sympathiques et ouverts. Les gamins s’intégraient très vite aux bandes de mômes.

 

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Cela m’a marqué beaucoup. Puis je suis partie en 85, pour y revenir en tant qu’animatrice en 99. Et j’ai trouvé super le travail d’animateurs, les enfants de Ponta sont vraiment attachants et affectueux. Je ne devais y rester qu’un an est finalement j’y suis toujours. Sourire.

C’est vrai que j’aime bien bosser avec eux, surtout les 10 13 ans les pré-ado. Cette tranche d’âge a été créé quand j’étais au CSF en 2001 et maintenant, les 10 13 ans  n’existent plus. C’est bien dommage !

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En 72, quand nous sommes arrivés, il n’y avait pas d’école à Ponta : nous étions obligés de prendre le bus pour Quizac, à l’école. Ça a duré un an.

En 73, l’école de Pen Ar Streat s’est montée, en même temps que le quartier. Ce qui fait que la moitié des enfants du quartier sont partis sur Pen Ar Streat pour un an après, on est revenus dans notre nouvelle école, l’école Nattier qui était construite en préfabriqué. Tout se construisait en même temps, puis quand c’était fini, moi j’ai dû quitter les écoles pour le collège.

Avec les nouvelles familles, de plus en plus d’enfants arrivaient sans cesse, d’où ces changements d’école permanents.

Il y avait aussi les fêtes foraines, deux fois par an, il y avait la chenille, les «Tos-Tos» (auto tamponneuses), le voltigeur (quelle horreur !). Peu de manège, le «coup de poing», le tir à la carabine. Il reste 15 jours en octobre et aux vacances de Pâques. Ici, ils ne viennent plus, même dans les autres quartiers.

Quand on parle de tout ça, je sens que le quartier n’est plus pareil : il n’y a plus cet échange de culture qu’il y avait avant. Autant comme animatrice, je me déplace sur le quartier, autant comme habitante, je n’irai plus : les relations entre parents ont changé, moins de solidarité et de curiosité. Les gens ne se regarde plus. C’est chacun pour soi ! C’est dommage.

Le terrain d’aventure : c’était un coin juste à côté de la mairie de l’Europe. Pour les enfants de Ponta, c’était leur terrain. Là, où il y avait des amourettes. Avec les plus grands (les voyous de l’époque qui squattait les lieux), c’était bataille pour garder le terrain. »

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Il y avais aussi les fêtes foraines deux fois par ans . Il y avait la chenilles, les « Tos-tos » (auto-tamponeuses), le voltigeur (« quelle horreur ! »). Peu de manèges, le « coup de poing », le tir à la carabine. Ils restaient 15 jours, à l’automne et aux vacances de Pâques. Ici, ils ne viennent plus. Même dans les autres quartiers.

Quand on parle de tout ça, je sens que le quartier n’est plus pareil : il n’y a plus cet échange de culture qu’il y avait avant. Autant comme animatrice,  je me déplace sur le quartier, autant comme habitante, je n’y vais plus : les relations entre parents ont changé, moins de solidarité et de curiosité. Les gens ne se regardent plus. C’est chacun pour soi ! C’est dommage.

Le terrain d’aventure : c’était un coin juste à côté de la mairie de l’Europe. Pour les enfants de Ponta, c’était leur terrain. Là, où il y avait des amourettes. Avec les plus grands (les voyous de l’époque qui squattait les lieux), c’était bataille pour garder le terrain.

D’autres portraits du carnet de Soazig Dréano sur cette page.

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